Cet article aborde un problème majeur de la prise en charge des patients atteints de cancer : la dénutrition.
Pour être précis, ce phénomène est nommé cachexie cancéreuse. En effet la cachexie est beaucoup plus complexe qu’un simple problème de dénutrition.
LA CACHEXIE EN QUELQUES MOTS
La cachexie se définit par un affaiblissement profond de l’organisme qui se manifeste par une perte continue de la masse musculaire et du tissu adipeux, entraînant un déficit fonctionnel ( perte mobilité, fatigue importante, affaiblissement du système immunitaire etc…).
Cette perte n’est pas réversible par un apport nutritionnel classique et est observée chez près d’un patient cancéreux sur deux, plus particulièrement lors d’un cancer du pancréas, du poumon, de l’œsophage, de l’estomac ou de l’intestin.
La cachexie est corrélée avec une diminution de l’espérance de vie et serait la cause du décès de plus de 30% des patients. Les conséquences de ces carences sont graves car elles peuvent affaiblir le système immunitaire, ralentir la cicatrisation des tissus et entraîner une perte de force avec une diminution de la masse musculaire.
CAUSES DE LA CACHEXIE
Les causes de la cachexie sont multiples:
=>Le premier facteur déclenchant est la réduction des apports alimentaires. Les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie peuvent provoquer des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) ainsi que des troubles gustatifs et olfactifs qui tendront à diminuer la prise alimentaire.
Les cellules cancéreuses produisent également des substances pro-inflammatoires (cytokines, interleukines et TNF) qui peuvent favoriser l’anorexie.
=> La seconde cause est une perte énergétique. Les traitements peuvent provoquer une altération de la paroi intestinale qui provoquera une malabsorption des nutriments et une accentuation du processus inflammatoire. On observe également une expression plus importante de certaines protéines mitochondriales ( mitochondrie = centrale énergétique) qui aura pour conséquence de transformer l’énergie en chaleur plus qu’en ATP ( un de nos carburants ).
=> la troisième cause est une modification du métabolisme.
Les tumeurs consomment préférentiellement du glucose. Elles vont donc faire en sorte de le détourner à leurs profits.
Tout d’abord les cellules tumorales génèrent beaucoup de lactate ( qui provient de la glycolyse anaérobie ).Celui-ci se dirigera vers le foie pour permettre la fabrication de glucose (néoglucogénèse). Ce processus n’est pas rentable énergétiquement pour l’organisme de fait il augmente la perte d’énergie . En revanche ce phénomène est rentable pour la tumeur.
La tumeur détourne également le glucose en provoquant une résistance à l’insuline. Celle-ci va donc s’opposer à la captation du glucose par les muscles. Le glucose restera ainsi disponible pour la tumeur.
Les cellules tumorales , chez les patients cachectiques, vont également sécréter un facteur appelé LMF ( facteur de mobilisation des lipides) responsable d’une lipolyse importante ( diminution importante des graisses).Ce facteur entraîne une résistance aux traitements. En effet la réponse aux traitements est inversement proportionnelle au taux de LMF chez les patients. On ne sait toujours pas pourquoi.
De plus ce facteur serait impliqué dans l’augmentation de certaines protéines mitochondriales responsables d’une perte excessive d’énergie.
Les cellules tumorales produisent également des facteurs protéolytiques. Ceci aura pour conséquence de réduire la masse musculaire en favorisant le catabolisme et en s’opposant à l’anabolisme musculaire ( =production de protéines musculaires ). L’association de ces phénomènes entraînera une augmentation de la libération d’acides aminés qui serviront à la production de glucose pour les cellules tumorales et à entretenir l’anorexie ( pour les curieux le tryptophane , précurseur de la sérotonine, voit son taux circulant augmenter ce qui augmentera la production de sérotonine. Celle ci s’opposera la production du neuropeptide Y => anorexie ).
EFFETS DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE SUR LA CACHEXIE
Des études ont montré que l’activité physique permettait de maintenir la masse musculaire chez des patients cachectiques en diminuant les processus inflammatoires, en réduisant le stress oxydatif et la destruction des protéines (protéolyse).
Les programmes d’exercices aérobies de 4 à 12 semaines (endurance légère à moyenne) ont limité voire maintenu la masse musculaire. Ceci a pour conséquence directe d’augmenter l’espérance de vie.
L’activité physique diminue la production de certaines molécules pro-inflammatoires et augmente l’activité de certaines enzymes anti-oxydantes.
L’activité physique, chez les patients cachectiques, permet de diminuer l’expression de la myostatine (molécule qui s’oppose à la croissance musculaire) et d’augmenter l’expression d’ IGF-1 ayant un fort pouvoir anabolisant. IGF-1 est produite par le foie après stimulation de ce dernier par l’hormone de croissance.
Les entraînements en résistance ont également montré des effets bénéfiques sur la cachexie.
Il faut savoir que certains traitements de chimiothérapie ont un effet protéolytique ( = dégradation des protéines, responsable d’une fonte musculaire ) que l’activité physique permet d’atténuer voire d’annihiler.
L’association d’un entraînement aérobie et en résistance semble être la plus efficace. ���sD�s:
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